Sire Louis: de la basse à l’univers d’auteur compositeur

Invité du Rôdeur du Crépuscule, Sire Louis a déroulé un parcours singulier qui l’a mené de bassiste accompagnateur à auteur compositeur interprète, arrangeur et artisan d’un univers où se croisent humour, sensibilité et liberté.

Du bassiste au créateur

Tout a commencé par des maquettes écrites pendant une période de flottement, puis une guitare acoustique offerte en cadeau a servi d’étincelle. « La guitare, pour composer, ça va mieux que la basse. À la basse, c’est une note à la fois », explique-t-il. Les premiers pas se font avec un réalisateur, Jean-Sébastien Brolabbé, et un mini-album amorcé en 2019. La pandémie retarde le lancement, mais Sire Louis transforme l’obstacle en laboratoire créatif avec deux vidéoclips, dont un d’animation inspiré par Norman McLaren. Résultat: un premier cycle de chansons posé, réfléchi et déjà très personnel.

Errance de jeunesse: un faux concept qui raconte une vie

Vient ensuite Errance de jeunesse, que l’artiste appelle son faux album concept. Les morceaux sont ordonnés pour suivre une trajectoire de la naissance à la mort. « Musicalement, les chansons n’ont pas toutes un grand rapport entre elles, mais le texte permet de faire le cheminement d’une existence. » Pour la première fois, il signe des arrangements de cordes, de piano et de chœurs, épaulé par des musiciennes issues du classique et des collaborateurs de longue date. La discipline prend le pas sur l’expérimentation brute: fini la batterie jouée à l’instinct, place à une programmation plus précise. La pièce Jamais encore s’impose comme titre le plus diffusé, notamment grâce à un riff retravaillé et une pulsation plus dansante.

Une résonance qui voyage

Si la radio commerciale québécoise est restée discrète, les radios communautaires et internationales ont ouvert leurs ondes: France, Belgique, Finlande, Pologne, Australie, Égypte, Maroc et même Ghana. Une trajectoire modeste, mais éloquente pour un projet indépendant.

Divagation juvénile: transition vers un nouveau cycle

Divagation juvénile rassemble des chansons qui n’avaient pas leur place sur Errance de jeunesse. Sire Louis y pousse plus loin le mixage, les arrangements et la programmation. Un pas de côté assumé, pensé comme la passerelle vers le prochain album attendu au début de l’année prochaine.

La Limousine jaune: chronique cinématographique

Le nouvel extrait, La Limousine jaune, flirte avec une couleur ska et raconte une scène à la fois drôle et poignante. Le titre joue sur un quiproquo: la limousine n’est pas celle d’une vedette, mais une ambulance. « Je voulais garder le punch. L’Hôtel Dieu, c’est l’indice le plus clair. » L’orchestration puissante basse batterie cuivres, parfois avec un soupçon de slap, donne un élan cinématographique à l’ensemble.

L’art du deuxième et du troisième degré

Chez Sire Louis, le fond sérieux se faufile souvent derrière l’ironie. « J’ai de la difficulté à écrire sans deuxième degré. Parfois, il y en a trois. » La pièce Changement climatique en est l’exemple parfait: discours écolo, métaphore amoureuse, puis clip qui ajoute une histoire d’amour entre un homme et sa voiture. À l’autre extrémité du spectre, il puise aussi dans Kafka pour une chanson jouée un jour lors d’une cérémonie funéraire, preuve que l’émotion brute n’est jamais loin.

À écouter pour entrer dans l’univers: Vénus

Pour découvrir Sire Louis, il recommande de « commencer par le commencement » avec Vénus, issue du premier mini-album. Chanson à forte teneur musicale, rythmique en 11/8 et phrasé exigeant, elle révèle l’obsession de l’artiste pour les textures et les signatures rythmiques hors normes. Un vidéoclip accompagne le titre pour les curieux.

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