Le 28 septembre 2025, l’équipe du Hard Hitting Country retrouvait enfin Joe Robicho. La dernière entrevue remontait à décembre 2019, une autre époque. Depuis, le monde a traversé une pandémie, et l’artiste a poursuivi sa route, armé de sa guitare, de ses mots, et d’un sens de l’observation qui colle à l’actualité. Rencontre avec un musicien qui refuse de s’arrêter et qui avance, un pas, une chanson à la fois.
La pandémie comme tournant
Quand la crise sanitaire est arrivée, Joe avait déjà en poche les chansons de Tempête de cerveau (2021). « Cet album n’a pas été teinté par la pandémie parce qu’il était écrit d’avance », explique-t-il. Mais les effets se sont fait sentir autrement. Les spectacles annulés, l’organisation à revoir, et surtout un changement durable dans le public : « Le monde veille moins tard qu’avant », constate-t-il.
Plutôt que de subir, Joe s’est adapté. Il a investi dans de l’équipement pour donner des spectacles privés. Une corde de plus à son arc, qui lui permet aujourd’hui d’aller à la rencontre du public, partout, même dans un salon ou une cour arrière.
Les mots, toujours au rendez-vous
Malgré cette période particulière, l’écriture est restée fidèle à elle-même. Son plus récent disque, Les mots m’ont manqué (2024), en porte d’ailleurs la trace : un temps un peu plus long que d’habitude entre deux albums, mais la même volonté de raconter, de témoigner.
Joe Robicho aime observer et transposer ce qu’il voit dans ses textes. Sans coller à l’actualité brûlante, il s’inspire de thèmes universels. « Je viens de finir une chanson qui parle de pauvreté, du fait qu’on est de plus en plus à vivre sous le seuil », raconte-t-il. Pour lui, le défi est d’écrire des pièces qui traversent le temps, contrairement à d’autres comme Légalise-les, qui a perdu son sens après les changements législatifs.
La musique avant tout
Guitariste d’abord, Joe part presque toujours de la musique. Les paroles viennent ensuite, parfois déclenchées par une « phrase sale » ou par un simple titre. C’est le cas de Armand Guindon, morceau-phare de son spectacle. « Je me suis demandé : qu’est-ce qui peut être la fin du monde pour un gars qui s’appelle Armand Guindon ? » De fil en aiguille, le jeu de mots avec Armageddon est devenu une chanson pleine d’humour et de mordant, qu’il dédie souvent à Bruce Willis et Ben Affleck en spectacle.
Retrouver le public
S’il a beaucoup composé et expérimenté, ce qui lui a le plus manqué durant l’arrêt forcé, c’est la scène. « Les réactions en direct, les sourires, l’énergie… ça, ça ne se remplace pas », dit-il. Les lives sur Facebook ont comblé un vide, mais rien n’égale l’échange face à face avec une foule, petite ou grande.
Aujourd’hui, il tourne en formule one-man-band. Guitare, grosse caisse et pédales sous les pieds : une véritable petite machine à faire lever les foules, qui lui donne une énergie supplémentaire.
Des projets et des rêves
L’été 2025 a été chargé. Festivals, spectacles privés, prestations surprises : chaque show a été un moment marquant. Même les coulisses apportent leur lot de souvenirs, comme son expérience technique au festival de chants de marins de Saint-Jean-Port-Joli.
Et la suite ? Joe travaille déjà sur un prochain album. Ses thèmes de prédilection demeurent : la société, les travers humains, mais aussi des réflexions plus actuelles, comme l’intelligence artificielle. « Je pense écrire une chanson qui va s’appeler Sur-mer, je suis pour idiotie naturelle », lance-t-il en riant, preuve que son humour n’est jamais loin.
Où le retrouver
Pour suivre son actualité, une seule adresse : Facebook, où il publie ses dates et ses nouvelles. Sa musique est disponible sur Spotify, Apple Music, Bandcamp, YouTube, et compte déjà six albums, en plus d’un disque instrumental de piano signé RobichAUD.
Parmi ses prochains rendez-vous :
18 octobre — Nuit des sans-abri, La Pocatière
1er novembre — Berthier-sur-Mer avec Éternel Bastard
13 novembre — Première partie des Ramoneurs de Menhirs au Rallbock (déjà complet)
Continuer sans s’arrêter
S’il avait un seul souhait pour les prochaines années, Joe Robicho l’exprime simplement : « Que ça continue. Pas besoin d’aller plus vite, juste continuer, et que le bouche-à-oreille fasse son chemin. »
Et pour conclure, quoi de mieux que la chanson Armand Guindon, petite pépite drôle et entraînante qui illustre bien son esprit : engagé, observateur, mais toujours avec un clin d’œil complice à son public.