Depuis quelques mois, nous vivons l’annulation de plusieurs festivals dans la belle province, et la question qu’on me pose souvent est simplement pourquoi?
Ceux qui me connaissent savent que j’aime découvrir par moi-même les différentes facettes du domaine de la musique et de la culture. Pour comprendre la position de la personne que vous voulez contacter, il n’y a rien de mieux que de prendre sa place. C’est pourquoi entre autres que j’ai mis en place mon émission de radio, pour prendre le siège, pas en tant que musicien ou gérant, mais bien en tant qu’animateur et vivre sa réalité.
L’an passé, j’ai déposé mes fesses dans la chaise de relationniste pour le grand festival connu au Québec qu’est Woodstock en Beauce. J’ai donc pu voir la réalité d’un autre œil. C’est moi qui répondais aux courriels et messages sur les différents réseaux sociaux de cet événement.
J’ai dû calmer des situations qui auraient pu générer des grosses crises, comme par exemple une accusation de pédophilie portée sur un artiste présent cette année-là, mais qui s’est avéré une erreur sur la personne. J’ai dû parler aux gérants d’artistes, leur faire signer les contrats et même trouver les restaurateurs présents sur place. J’ai fait souvent le pont entre les artistes et l’équipe technique, je me suis occupé de la billetterie en ligne, créé la publicité audio et visuel et distribué les demandes des artistes. Je devais également m’occuper du site web et le mettre à jour.
J’ai vécu des beaux moments et j’apprenais vraiment sur le tas, comme on aime le dire au Québec. Pour moi, ce poste vaut de l’or car j’ai beaucoup appris de la réalité des gros événements. J’ai lu tous les messages autant haineux que les messages qui m’ont motivé a continuer tellement c’était de belles tapes dans le dos. Ça me faisait drôle de répondre à des gens que je connaissais sans qu’ils sachent que c’était moi derrière les communications.
La dure réalité d’aujourd’hui.
Que se soit pour des petits spectacles ou des gros événements, la clé est la pré-vente. Les producteurs de spectacles le savent tous, il ne faut jamais se fier à la vente à la porte ou si vous aimez mieux, à l’ouverture de l’événement.
On ne sait jamais combien de personnes vont venir. C’est comme une partie de poker, on ne mise pas sur les cartes qu’on ne voit pas mais bien les cartes que nous avons en main. La température, l’économie du moment, d’autres événements en même temps peuvent changer la donne.
Les artistes et fournisseurs demandent souvent un gros dépôt à la signature du contrat. Dans mon cas, quand je produis un spectacle, je demande que le dépôt se fasse quelques mois avant l’événement pour donner un peu de temps à la pré-vente de remplir les coffres, mais ce n’est pas tous les artistes qui acceptent. Je suis un artiste et je comprends également cette réalité. Souvent nous (les musiciens) n’avons pas la certitude d’être payés à la fin et ne voulons pas courir après notre dû.
Donc, les organisateurs doivent débourser souvent jusqu’à 40% du coût de tout l’événement au départ, que ce soit pour les infrastructures (chapiteaux, toilettes chimiques, bracelets, électricité…) et comptent sur la prévente pour combler ce vide monétaire. Nous avions un objectif à court et long terme dans la pré-vente et nous savions que s’ils n’étaient pas atteints, nous devions investir plus dans la publicité et promotion, qui coûtent également cher, donc devoir besoin d’un plus grand retour sur l’investissement. Donc, si la pré-vente n’est pas au rendez-vous, les grands manitous peuvent choisir comme au poker, de se coucher ou risquer le tapis, mais risquer de perdre plus. Les musiciens sont souvent compréhensifs et quelques fois redonnent le dépôt, mais comme c’est une question affaire, ils n’y sont pas obligés.
On peut faire une différence, n’attendez pas le jour même si un festival ou un spectacle vous intéresse. En tant que producteur de spectacle, c’est un grand stress de voir les jours défilés sans que de billets prennent preneur. À l’opposé, il n’y a rien de plus satisfaisant que de recevoir des notifications pour des achats de billets. Si nous voulons que vos artistes préférés continuent de jouer dans notre belle province, il faut leur montrer.
Je prêche pour ma paroisse
Ce qui est frustrant pour un musicien, c’est de mettre beaucoup d’effort pour monter un beau spectacle qui coûte 20$ et de voir qu’un groupe de l’extérieur vend des billets à 150$ dans le fond de la salle et, on le sait, où le son ne sera pas optimisé. Nous comprenons que nous ne comparons pas des pommes avec des oranges. Que le budget audio et visuel n’est pas le même. Quoi que dans mes spectacles, je mets toujours le paquet côté visuel en engageant souvent 2 éclairagistes et en ajouter geysers, Sparks, lasers et tout effet visuel de plus que ce que la salle met à notre disposition. Je me rappelle souvent de la face des propriétaires qui se demandent qui nous sommes et où on va placer tout ça quand on entre. C’est à nous de monter les marches à coût de belles performances et de promotion, mais tout ça n’est pas possible si la salle est vide. Je suis chanceux car, jusqu’à maintenant, nous avons toujours eu de beaux résultats mais j’essaie moi aussi d’encourager mes amis musiciens en allant voir leur spectacle et je trouve ça désolant de voir que souvent je compte sur mes deux mains le monde présent dans la salle.
Conclusion
La solution maintenant que vous savez la réalité derrière mes petites expériences dans le domaine, c’est d’acheter vos billets le plus vite possible. N’attendez pas à la dernière minute. Je ne vous ai pas parlé des subventions gouvernementales car c’est un sujet délicat et je n’aime pas faire dans la politique, mais je dois avouer que sans cette aide, un gros évènement est presque impossible à produire, surtout avec les contraintes que ces mêmes gouvernements imposent (avec raison) telles que la sécurité, l’hygiène… Vive la musique, que ce soit un petit spectacle dans un bar près de chez toi ou un gros festival, l’important c’est que vous en sortiez comblés et remplis de joie. Comme j’aime dire souvent, le temps d’un soir on arrête le temps et on met nos tracas à la porte d’entrée et on retombe en enfance, on le mérite.
